Un début de développement

La pokéball avait donc quitté ma main presque sans que je m'en rende compte, comme si des ailes lui avait poussé à cause de mon envie et de mon anxiété mais, contrairement à ce que je pensais, à l'idée reçue que j'avais au sujet des captures de pokémons, visiblement tous ne cherchaient pas à se défendre... Celui là, quand il avait compris que je l'avais percé à jour et que, malgré tout je ne voulais pas l’affronter, lui faire payer quoi que ce soit, il s'était simplement contenté de sourire et de baisser sa garde, volontairement, allant même jusqu'à fermer ses yeux... Il aurait s'agit d'un simple enfant, j'aurais dit que ces petites exactions, son côté "j'arrache les ailes des mouches par plaisir" était juste pour attirer l'attention de quelqu'un et, aujourd'hui, il avait réussis à attirer la mienne ; c'est donc au final sans me connaitre qu'il acceptait la captivité, de devenir mon pokémon, même si il ne se rendait peut-être pas encore compte à quel point il s'engageait dans quelque chose de difficile et de dangereux...
Je ramassais donc la sphère de capture à même le sol de pierre, ne prêtant pas la moindre attention au Nosferapti toujours gisant sur le sol, il comprit bien vite que je ne l'avais pas aidé pour son bien être à lui mais plus pour le mien, pire encore, j'avais plus d'attention pour son tortionnaire que pour lui... Dans le fond je restais bien un monstre, mais ça ne fit rien d'autre que de me faire sourire... Bizarre la fille un peu non ?..
Mais peu importe, après ce véritable succès dans une journée qui avait commencée en dents de scie, je voulait continuer d'avancer, comme pour poursuivre sur notre lancée et, dès que nous aurions un petit temps mort dans notre exploration, je ne manquerai pas d'essayer de tester la personnalité et les capacités de notre nouvel allié.

Mais j'aurais sans aucun doute dut me montrer un petit peu moins orgueilleuse... Si j'avais été mesurée, si j'avais été plus prudente, j’aurais fait demi-tour, nous avions tout le temps de laisser venir les choses, de prendre le temps de connaitre Loupio, d'évaluer ses attaques et de ne pas mettre la charrue avant de Tauros, ce qui m'aurait sans aucun doute évité de tomber dans cet espèce de traquenard tendu par les sauvages... J'avançais presque tête baissée pour le coup, et c'est ainsi presque aveugle que je finis par tomber face à une véritable de légion de Symbios sauvages que je m'arrêtais au détour d'un couloir ; eux, ils m'avaient vu arriver de loin, la lumière de ma torche jouant une fois de plus à mon discrédit et, cette fois ci aussi, j'arrivais à voir dans les yeux de ces pokémons Psy qu'ils n'avaient pas la moindre envie de me voir rester dans les environs. Autant dire que, après l'incroyable défaite qui nous avait poussé Croaporal et moi à la fuite la dernière fois, alors que nous n'étions que face à un seul spécimen, là, maintenant, alors que j'en voyais au moins cinq représentants, notre seule option restait une fuite, purement et simplement...
Je remercie décidément le ciel d'avoir permis à mon premier pokémon de savoir se servir de ce Brouillard qui, rapidement combiné avec des Pics Toxiks, nous permit de prendre de la distance à toutes jambes et, après cinq bonnes minutes à ce rythme, alors que je lâchais un profond soupire pour caler mon souffle sur un tempo plus habituel, je regardais derrière moi histoire de m'assurer que nous n'avions pas été suivis... On ne sait jamais n'est-ce pas ?..

...Et ce fut ce simple regard qui nous sauva sans doute la vie puisque les pokémons évolués n'avaient visiblement pas l'intention de s'arrêter là ! Ils n'étaient plus que trois, peut-être que les Pics Toxik avaient fait suffisamment d'effet pour nous débarrasser - au moins temporairement - de deux d'entre eux, mais ça avait eu aussi pour effet plus ou moins imprévisible de nourrir leur rancœur à notre égard... Nous dûmes donc reprendre notre petit jogging mais le fait était que nos poursuivants ne lâcheraient pas l'affaire aussi facilement et qu'il nous faudrait un plan b ; plan b qui se présenta de façon presque évidente quand nous finissions par revenir sur les rives de la fameuse Grande Noire ! Je devais espérer que je pouvais mieux, ou au moins plus longtemps nager que les types Psy et ce même si ça me couterait ma torche, de toute évidence (les feux sous-marins, c'est pas encore ça) je pouvais compter sur l'assistance de mon nouveau pokémon qui était réputé pour être l'étincelle qui brillait dans les abysses. Je fit donc sortir Loupio alors que Croaporal et moi plongions pour que ses tentacules lumineuse puisse éclairer notre traversée à la nage.
Les attaques fusaient de toute part alors que nous nous étions enfoncés sous l'ondée, et je me voyais déjà hors de portée, mais malheureusement, ces attaques avaient réveillés d'autres pokémons, tout autant sauvage et encore plus nombreux bien que moins impressionnants ; un véritable banc d'Ecayons avait été réveillés par nos généreux acolytes et, nous prenant sans doute pour un danger, c'était leur tour de nous prendre en chasse... Quand on a pas de bol...
Notre nouveau problème c'était que, même si mes deux pokémons pouvaient sans doute les distancer, ce n'était peut-être pas mon cas, je nageais bien, je pouvais en être fière pour une fille du désert, mais pas assez pour distancer des pokémons qui sont littéralement nez sous l'eau... Par chance - il m'en faut bien un minimum - j'avais un nouveau pokémon qui avait quelques cartes en main et, distribuant généreusement des Ondes Folies à tout va, il m'offrit le temps de prendre un petit peu d'avance et, finalement, la rive d'en face n'était plus si loin que ça.

Ça y est, nous étions hors de portée des poissons maintenant que nous étions tout trois sortis de l'eau. J'étais de très loin la plus fatiguée de nous trois, je crachait encore un petit peu d'eau, vous ne pouvez pas savoir ce que j'aurais donné pour pouvoir réussir à respirer sous l'eau comme mes deux pokémons... Mais alors que je me croyais en sécurité, que je n'aurais sans doute rien espéré de plus que d'être en sécurité plutôt, mon regard épuisé se posait sur une petite boule verte et blanche qui flottait doucement juste devant moi... Aucun doute possible, c'était un Symbios en beaucoup plus petit, en bien moins évolué et, si seulement il avait été seul, j'en aurais sans doute profité pour me passer les nerfs sur lui, juste histoire de dégager les environs et pour que j'ai largement toute la latitude de reprendre mes forces et mes esprits ; mais bon, il était loin d'être seul...
Transcendant la notion de groupe ou de horde, c'était une véritable nuée, presque une légion de petites boules qui apparurent unes à unes en face de nous et, même si elles n'avaient pas spécialement l'air méchantes, toutes ces silhouettes regroupées avaient de quoi me faire frémir... Ils me dévisageaient tous, sans que j'arrive à en sortir une émotion quelle qu'elle soit ; je ne savais pas si ils étaient en colère, heureux, ou juste curieux de notre présence mais, une seule chose était certaine, je ne voulais pas rester là...
Je déglutis avant d'essayer de négocier mon billet de sortie puisque je ne pouvais de toute évidence pas repartir à la nage mais mon discours était un monologue, aucune réaction de la part des types Psy qui se contentaient, encore et toujours de me dévisager avec des yeux de Magicarpes morts... Au final, je me contentais de commencer à marcher, au milieu de tous ces yeux ronds et de passer notre chemin, assez vite tout de même parce que l'ambiance était loin de me convenir...

Alors que j'étais en train de me pauser la question "peut-on parler de victoire quand on affronte un adversaire qui ne cherche pas à se battre ?", alors que je perdais un petit peu de temps non sans continuer de marcher, je finis par hausser les épaules, me rendant compte en mon fort intérieur que, finalement, je me moquais de cette réponse, que ma rencontre avec Anorith m'avait permis d'analyser certaines attaques de mon nouveau pokémon et que, au final, la forme du combat m'importait peu. En y réfléchissant, moi même était une meurtrière, un assassin, et je tirait mes plus grandes victoires des combats qui se réglaient d'un coup de lame dans la gorge sans qu'on m'ait vu venir ; les notions d'honneur, de loyauté et de courage étaient pour les guerriers, et je leur laissait bien volontiers, moi je me contentais de vivre dans la vraie vie, avec toute sa noirceur et ses faux-semblants. J'étais donc à moitié perdue dans mes pensées, mais pas assez pour ne pas repérer ce pokémon qui avait entrepris la délicate expérience d'essayer de nous suivre sans se faire remarquer... Il avait beau ne pas faire de bruit de pas puisqu'il se tenait en lévitation à quelques centimètres du sol, sa silhouette était vraiment loin d'être anodine, et les étranges molécules qui composait le miasme verdâtre autour de son corps renvoyaient faiblement la lumière émise par les antennes de mon Loupio (ma seule source de lumière depuis que j'avais dut me débarrasser de ma torche). Repéré donc, je m'arrêtais et lui se cachait plus avant, espérant sans doute que je n'allais pas m'en prendre à lui comme je m'en était prise aux autres avant lui, mais derrière cette timidité moi je voyais surtout une forme de faiblesse et ça ne me donnait pas envie, ni de l'affronter ni de perdre plus de temps avec lui. Je lui lançait un regard noir histoire de l'intimider et de lui intimer l'idée de rester ici plutôt que de continuer à nous filer et hop, nous reprenions notre petit bout de chemin.

L'air de rien, à force de marcher, nous commencions à nous rapprocher de mon camp de base, là bas je pourrai me reposer, prendre le temps de faire plus ample connaissance avec Loupio, apprécier une démonstration de chacune de ses attaques et, sans doute, de prendre le temps d'entrainer mes deux pokémons à un nouveau mouvement chacun, juste aprce que je détestais perdre mon temps et rester sans rien faire ! Mais l'univers lui même avait visiblement pour idée de vouloir me retarder... J'arrivais à ce moment là dans uen grande alcôve creusée dans la pierre, pas d'accès au lac en lui même, mais plus de quinze mètres de hauteur au plafond, des stalagmites et des stalactites véritablement partout, au point que c'était même difficile de trouver des endroits où poser nos pieds mais surtout ce son strident qui me faisait bourdonner les oreilles... Pour moi, c'était désagréable mais sans plus, mais par contre mes des pokémons s'arrêtèrent et plaquèrent leurs pattes sur leurs oreilles, s'arrachant une grimace qui prouvait que le fait d'avoir une ouïe supérieure à la mienne n'avait pas que des avantages. Je levais la tête et j'y repérais quelques battements d'ailes chitineuses de ci de là qui ne laissaient aucun doute, c'était un Nosferapti tout là haut, bien hors de ma portée qui s'amusait à crier ses Ultrasons à tout va en se servant de l'écho comme d'un moyen de faire chier tout le monde...
Je lâchais un profond soupire, me rendant compte que je n'avais rien qui avait une portée suffisante pour pouvoir le calmer d'ici et que, vu la taille de la pièce, je devrait sans aucun doute la contourner pour que mes pokémons puissent passer en toute quiétude ; j'aurais put les rappeler me diriez vous, mais en fait non, parce que je ne pouvais sincèrement pas marcher ici sans lumière, et donc j'avais besoin de Loupio. Le demi-tour s'imposait donc.

Nous nous forcions donc à faire notre petit détour, esquivant ce Nosferapti casse-pieds tout en continuant de nous diriger tout les trois vers mon campement, ma tente et le reste de mes petites affaires. On ne sait jamais, même si notre chemin serait un petit peu plus long, ce n'était pas forcément une mauvaise chose, on pouvait tomber sur un pokémon qui aurait l'air digne d'attention pour que Croaporal teste ses nouvelles attaques ou que Loupio se fasse plaisir, ou mieux encore - parce qu'on sait vraiment jamais - je pouvais aussi voir se profiler à l'horizon un nouveau pokémon, avec un caractère de vainqueur, avec de bonnes attaques et des types intéressants, qui, en un mot, mériterait que je le capture lui aussi...
Mais bon... Faut pas non plus trop rêver, j'étais du genre à voir le verre à moitié vide plutôt qu'à moitié plein de manière générale, ça évitait les fausses joies et les mauvaises surprises la plupart du temps. Alors je laisserai les choses venir, les unes après les autres et j'improviserai au fur et à mesure. De manière générale, je peux dire que je suis fière de mes capacités d'adaptation, liées à mon entrainement depuis toute petite, je pouvais gérer beaucoup de situations, en combattant, en tuant, ou comme aujourd'hui en avait été le parfait exemple, en fuyant, et justement voilà que je tombais sur un nouveau pokémon... Enfin presque...
C'était juste un Strassie, comme ceux qui avaient réussis à nous encercler un petit pue plus tôt mon pokémon batracien et moi, mais celui ci était bien moins incisif et pour cause : il était blessé, gravement en plus, au point que sans assistance il avait assez peu de chances de s'en tirer... Et moi je m'en foutais royalement... J'allais juste le laisser là, mijoter dans son jus, égoïste, puisque je n'avais aucun intérêt ni aucun matériel pour lui sauver la vie. Qu'il meurent, je n'en dormirais pas plus mal.

Je ne sais pas pour quelle raison, mais des fois le destin semble nous jouer ce genre de tours... Il était évident que je n'avais rien à faire des pokémons blessés ou malade qui pouvaient bien croiser mon chemin, qu'ils soient gros ou petits, mignons et gentils ou cruels et moches comme des poux je n'avais ni temps ni matériel à perdre pour des pokémons qui n'avaient pas eu la présence se d'esprit de se défendre par eux même ou de se tenir hors de portée de danger si ils étaient trop faibles ! Bien entendu, il était tout à fait possible que je change d'avis, que demain je tombe sur la perle rare qui ajouterait l’originalité et la force à mon équipe et qui mériterai d'être capturée alors qu'elle était gisante sur le sol humide et froid de la grotte souterraine de la Grande Noire comme pouvait l'être ce nouveau petit Loupio mais, là, en l’occurrence, ce n'était rien de plus qu'une nouvelle fois le même pokémon que celui que j'avais capturé il y a quelques heures de cela soit un véritable intérêt zéro...
Je lâchais donc un long et profond soupire désappointé tandis que le pokémon sauvage me lançait un regard implorant. IL ne semblait pas si gravement blessé que ça en plus, sans doute surjouait il un tout petit peu de fièvre ou quelque chose du genre, ce qui ne m'incitait pas du tout à lui apporter la délivrance de la mort comme j'avais put le faire avec Vacylis. Je me contenterai donc de passer à côté de lui, en lui lançant un regard dédaigneux et en le snobant royalement... Le destin, Arceus, l'ordre établis, le karma, tout ce que vous voulez pouvait bien continuer de m'envoyer des pokémons affaiblis implorant mon aide, a réaction serait sans nul doute encore et toujours la même...

Et vous savez quoi : le pire c'est que je n'avais pas le moindre remord ! IL allait rester malade souffrir, mais si il devait et si il voulait survivre, ce Loupio devait s'en sortir sans mon aide ; ça faisait, d'un certain point de vue, partie de l'ordre naturel des choses et il s'en sortirait plus fort... Ou mort, allez savoir...
Mais bon, peu importe. Le fait était que je poursuivait mon petit bout de chemin dans cette grotte, contournant les couloirs, évitant les différentes aspérités louches du terrain et ne me concentrant que sur les bruits environnants puisqu'ils seraient les premiers indicateurs de pokémons sauvages dans les environs, avant même que la lumière brillante que dégageait les tentacules de mon tout nouveau pokémon n'éclaire le danger. D'ailleurs, puisque j'en parle, j'entendis au loin des bruits de battement d'ailes. Ils étaient assez caractéristiques et de moins en moins forts, ce qui me donnait bien l’information que ce pokémon, quel qu'il soit, ne souhaitait pas rester là. Au son et d'après les pokémons que j'avais put croiser, il devait sans aucun doute s'agir soit d'un Nosferapti, soit d'un Chovsourir, mais je pensais plus pour le second en raison des ultrasons ; dans un tel environnement, avec un tel décors empli de stalactites et de stalagmites il serait presque impossible pour un Nosferapti de se diriger sans son sonar et mes pokémons auraient été perturbés, comme tout à l'heure, si il s'en étais servit. Ce devait donc être un petit pokémon Psy mais là encore : peu importe. Je n'avais pas l'intention de me fatiguer encore plus à lui courir après, d'autant que notre campement n'était plus si loin que ça.

Cependant les différentes aspérités des couloirs distordus de la grotte gigantesque qui emprisonnait ce lac monumental me jouèrent un petit tour... J'étais certaine d'être dans al bonne direction, à deux pas de mon camp de base même, mais voilà qu'au boit de ce couloir je tombais sur un quasi-cul-de-sac. Les murs se refermaient dans une sorte de petite alcôve et la lumière de Loupio se réverbérait partout sur les suintements d'eau qui y serpentaient. C'était plutôt agréable à voir pour être honnête mais pas de quoi me faire tomber dans la poésie et la narration à l’excès ! Le bruit des gouttes d'eau qui tombaient en souffrance était tout de même à moitié étouffées par les couinements apeurés d'un petit pokémon, un Chovsourir - je le savais bien que c'en était un tout à l'heure - qui s'était lové dans un coin, tout tremblant et grelottant, alors même que je n'avais strictement rien à battre de sa présence ici... J'étais surtout chagrinée parce que j'allais sans doute devoir faire demi-tour afin de trouver un autre passage qui nous ramènerai à mon campement où je voulais faire ma pause tout en en profitant pour entrainer mes deux pokémons (puisqu'ils étaient deux maintenant autant en profiter), mais Loupio attira mon attention avec un petit piaillement. Il s'approcha d'une petite flaque d'eau, d'environ un ou deux mètres de large et, maintenant que je m'en était approchée, je pouvais me rendre compte qu'elle n'avait pas de fond mais que c'était plutôt une sorte de boyau qui devait mener à un point d'eau de plus grande importance.
_ On peut passer par là c'est ça ?
Il approuva avec un signe de tête vertical et un sourire. Coup de chance, le fait d'avoir réussis à capturer un pokémon des environs m’offrait un avantage indéniable, mais la question était de savoir si il avait prévu que moi je ne pouvais pas respirer éternellement sous l'eau ou si ça lui avait échappé...